Le week-end passé, ce fut le troisième du mois et nous avons eu notre récollection mensuelle. Elle était animée par père HERMANS, cicm. Voici donc son enseignement qui a porté pour thème: l'unité dans nos communautés.
Le moment où on m’a demandé d’animer cette récollection, c’est le moment où on lisait les actes des apôtres, comment le diaconat a commencé. Ces lectures m’ont aidé à penser le thème que j’ai proposé : « l’unité dans nos communautés ». En effet, dans la première communauté chrétienne, la communauté primitive, il y a eu des problèmes de mésententes venues de la différence d’origine, de langue. Souvent nous pensons c’est la parole de l’autre qui continue à me faire mal dans le cœur, et pourtant ce qui fait ça c’est que nous ne prenons pas suffisamment conscience que ce qu’il y a mal en moi ce n’est pas la parole de l’autre mais mon besoin de me sentir reconnaître. C’est une découverte que j’ai fait moi-même il y a quelques années déjà deux ans. D’une manière particulière ce sont des choses qui m’ont touché, mais c’est à partir des petites histoires que j’ai vécues, j’ai compris que c’est un besoin inné, celui de se sentir aimé, compris, soutenu.
Je vous ai raconté en détail quelque chose qui m’est arrivé il y a quatre ans, et je l’ai toujours considéré comme une grâce, comment une petite chose comme ça peut me mettre en colère au point de me décider de faire quelque chose. Et pourtant c’était une petite bêtise. Puisque moi je m’attendait à ce que lors que je proposait à la sœur, que je vais aller acheter ...et que la sœur me dise « ah c’est bien c’est bien », je serais content et ce serait fini. Vraiment une bêtise de rien du tout, et moi j’ai commencé à gonfler en moi-même.
L’on peut aussi se poser la question pourquoi je me sens plus à l’aise avec tel confrère q’avec tel autre ? C’est parce qu’il s’est passé quelque chose entre vous, une petite chose. On a souvent une incompréhension. Vous savez ce qu’est une incompréhension ? On se dit l’autre ne me comprend pas, ce n’est pas ça ; il faut plutôt dire je ne me sens pas compris par l’autre. Lorsque nous parlons de l’incompréhension, on pense que l’autre ne me comprend pas, il faut tourner la chose, c’est moi, je ne me sens pas compris. Là nous trouvons le fameux besoin dont je vous parle. Lorsque nous disons que ç’a commencé par une incompréhension, on dit que c’était lui, lui ne me comprenait pas, non, c’est moi, il avait sa part de responsabilité moi aussi. Cependant ce qui continue à faire mal en moi c’est que je ne me suis pas senti compris. Et au moment j’ai la conscience de cela, la chose change. Car à partir de ce moment là je peux commencer à relativiser. Relativiser ce que l’autre a dit, non ; car c’est un fait, mais ce que je dois relativiser c’est l’importance que je donne à mon besoin de me sentir compris, accueilli, reconnu, respecté, apprécié, puis que c’est à moi ce besoin là. Lorsque je prends conscience que ce qui fait mal en moi c’est mon besoin de me sentir compris,…le mal est en moi, je peux relativiser. Relativiser veut dire ne pas donner beaucoup d’importance à mon besoin. Vous savez, on n’a pas besoin d’être apprécié, on a plutôt besoin de se sentir apprécié ; se sentir aimé. Au moment où je me dis cela tout change. C’est une découverte à faire qui n’est pas facile.
Chacun peut donc se poser la question, dans nos familles religieuses ou autres, pour quoi je ne parle pas bien avec tel ou tel autre. Qu’est ce qu’il y a du mal en moi ? C’est ce besoin de me sentir vu, écouté, compris, accueilli, respecté, aimé, considéré, c’est celui là qui continue à faire mal à moi. Le moment où vous allez pouvoir le nommer, vous vous sentirez déjà autrement vis-à-vis de cette personne et peut être que vous allez dire « ah depuis longtemps que ça traîne en moi, si j’essayais de lui parler », non pas pour essayer de me justifier ou essayer de lui dire pour quoi tu m’as fait ça,… non, simplement de te décider de lui dire « ndeko na nga, l’autre jour je me suis senti » et je dirai même de ne pas dire ces paroles car vous risquez de dire les paroles qu’il n’a pas dite, des paroles que toi avec tout le temps que c’est resté en toi, olambi yango, ce devient autre chose . Et l’autre ne va plus se reconnaître car il n’avait même pas dit ça. Dans ce cas il faut dire est ce que je peux vous dire comment je me suis senti l’autre jour lors qu’ on ne s’est pas compris, l’autre jours lors qu’on a eu des mots, mais ne jamais dire lors que tu m’as dit ça. Et si vous préparez ça dans la prière et avec la grâce de l’esprit saint, l’autre aussi va entrer en lui-même et va vous dire est ce que moi aussi je peux vous dire comment je me suis senti. Et l’esprit continuera son œuvre d’unité. C’est la grâce que je vous souhaite.
Je voulais en rapport avec la fête d’aujourd’hui (ascension), vous parler de l’envoie du Christ, la mission. Parce que ce qui nous motive de plus pour surmonter toutes les difficultés pour rester uni, pour vaincre toutes les tentations qui continuent à rester dans la désunion, c’est la conscience de notre mission, la conscience que le Père, le Fils et l’Esprit comptent sur moi pour accomplir cette mission. La prise de conscience de notre responsabilité comme groupe, comme personne, la responsabilité qui m’a été confiée. Il est important de trouver des motivations fortes au moment que j’hésite à faire le pas vers l’autre, à pardonner l’autre. Ce qui peut nous motiver le plus, c’est le souvenir de la mission immense que le Seigneur m’a confiée, nous a confiée. Je peux vous rappeler quelques paroles de Jésus que nous connaissons : « allez dans le monde entier, proclamez la bonne nouvelle à toutes la création, à toutes les nations ». « Comme le père m’a envoyé moi aussi je vous envoie », « je ne suis pas venu faire ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé. Or la volonté de celui qui m’a envoyé c’est que je ne perde aucun de ceux qu’i m’a confiés ». Cette même parole revient en Matthieu dans la parabole de la brebis perdue : « …c’est ainsi que votre père du ciel ne veut pas qu’un seul de ses petits ne soit perdu ». C’est une préoccupation constante qui ne quittait pas Jésus. Ceux que le père a confiés à Jésus, ce n’est pas ce petit groupe, ni le peuple juif seul, c’est toute l’humanité, la multitude. Vous voyez comment à partir du magistère de l’Eglise de plus en plus même nous savons que Dieu réalise le salut de toute l’humanité, de tous les âges, de tous les temps. Conscients que cette multitude dont Jésus parle « pour la rémission de péché pour vous et pour la multitude », cette multitude c’est l’humanité tout entière de tous les temps, de tous les âges et de tous les lieux. Puis que le Christ est mort pour tous, et que la vocation dernière de l’homme est unique c'est-à-dire divine. Les pères du concile disent nous devons tenir que l’Esprit offre à tous d’une manière que Dieu connaît la possibilité d’être associé au ministère pascal. C'est-à-dire tout être humain est appelé par Dieu à l’existence pour être un jour son fils ou sa fille. La vocation dernière de l’homme est celle là, divine. Dieu n’appelle pas quelqu’un sans lui donner la possibilité d’accueillir cet appel. C’est de cette multitude dont Jésus a parlé, qu’il ne perde aucun de ceux que le Père lui a confiés. C’est pour quoi nous pouvons dire en terme trop humain, que Dieu, en son fils Jésus Christ, cherche les collaborateurs pour porter avec son fils le poids de cette multitude. Dieu peut le faire tout seul, il est le tout puissant et n’a besoin de personne. Mais il veut que ce salut passe aussi par nous, par moi, par toi. Cela peut être une motivation, quand je pense à Dieu qui compte sur moi pour sauver en Jésus Christ la multitude, je dois être sérieux moi aussi. Notre joie quand nous serons de l’autre côté de la vie, c’est de voir cette multitude que nous avons sauvée par le Christ à partir de notre comportement, sacrifice, exemple. Nous devons vraiment prendre conscience qu’à chacun de nous, Dieu a confié une multitude, c’est pourquoi Dieu a besoin de notre engagement, notre amour, notre fidélité, et de nos efforts sérieux pour vivre l’unité. Le salut de l’humanité tient à quelques uns, si ils n’étaient pas là, l’humanité périrait. Face à cette multitude innombrable, ceux qui vraiment s’engagent, ne sont pas nombreux. Mais pour le salut de l’humanité, il faut l’engagement de quelques uns. Et ces personnes sont comme des lumières qui éclairent les hommes, qui par leur engagement et fidélité leur a donné une multitude. Dieu veut avoir besoin de tout le monde.
La mission et la conscience que la multitude innombrable m’est confiée, peut être pour nous une motivation très grande pour vivre l’unité. Lors que Jésus en disant « aimez-vous les uns les autres », il a ajouté que « c’est ainsi les hommes verront que vous êtes mes disciples ». Le fait que nous vivons cette mission dans l’unité pour être un témoignage que nous sommes vraiment disciple de Jésus, doit nous motiver. Nous les religieux nous donnons beaucoup de bons exemples et de mauvais exemples. Nous montrons que nous sommes généreux, parlons bien, dévoués pour les pauvres, les malades, les enfants de la rue,…mais quelques fois entre nous ce que nous disons si bien nous ne le vivons pas. Non, approchons-nous de nos frères en communauté. Que la conscience de ma mission que Dieu compte sur moi et que je ne peux pas face à cette grande responsabilité que Dieu m’a confiée de sauver avec Jésus la multitude, je ne peux pas continuer à résister à cet appel de l’Esprit. Prions pour que le Seigneur dans son esprit nous saisisse pour que nous vivions pleinement notre responsabilité devant cette multitude. Le salut de l’humanité tient à quelques uns, s’ils n’étaient pas là, le monde périrait. Que je sois un de ces quelques uns, à qui Dieu en son fils Jésus donne une multitude.

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